Si comme moi, vous aimez le Metal, vous vous êtes surement déjà retrouvé à un moment ou à un autre en butte avec la société. Et qu'il y a t'il d'étonnant à ça? Si l'on en croit les médias traditionnels, les metalheads ne sont rien d'autre qu'une bande de jeunes décérébrés alcooliques qui vénèrent Satan, montrent leur cul à Yann Barthès et se battent la poitrine comme des gorilles en hurlant . Oh bien sûr, la communauté des chevaliers blancs du metal est intervenue, dans des documentaires grand public qui prouvent que tout cela est faux, que nous sommes de gentils nounours hippies appréciant la guitare, tenant les murs de façon village des Schtroumphs qui s'échangent des albums d'In Flames en faisant traverser Mamie Josianne à l'occasion. Les religieux intégristes, jamais bien loin quand il s'agit de passer pour des crétins, pensent quant à eux que nous représentons un danger, que nous avons pour but d'annihiler l'héritage judéo-chrétien de notre civilisation et de répandre l'héroïne, la promiscuité sexuelle, l'occultisme et la décadence sociale dans les cerveaux impressionnables de leurs chères progénitures (qui finiront indubitablement par faire leur crise d'adolescence, s'habiller comme des salopes qui feraient honte à Courtney Love, sniffer de la coke au vu et su de tous pour se sentir rebelles et ramener un mec black à la maison dans le but avoué de leur faire avoir une attaque mais CHUUUUUT, ils ne le savent pas encore, laissons leur la surprise). Et pour terminer, les prétendues élites progressistes professent que le Metal est une musique simpliste, pour gens bas du front, trop violente, trop primaire, trop forte, que le Metal est sexiste, méprisant ou vulgaire à l'égard des femmes et des homosexuels, qu'il présente une idéologie putride-aux-relents-nauséabonds-qui-rappellent-les-heures-les-plus-sombres-de-notre-histoire (le bingo bien pensant, les amis, à utiliser chaque fois que vous visionnez Canal + ou que vous lisez Télérama): en termes simples, que nous sommes des gros fachos débiles.

J'emmerde la totalité de ces gens. Il sont dans l'erreur. Non pas que la réalité soit autrement plus glorieuse, elle est simplement différente.
Il y a plus de chance que ça ce soit passé comme ça: (Ceci est plus ou moins autobiographique, mais je pars du principe que vous êtes un homme parce qu'il n'y a pas de femmes sur Internet)

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Vos parents, ou les gens qui vous ont élevé, vous ont vu vous transformer, façon monstre des marais de la Hammer, lorsque vous avez rencontré ces amis. Vous aviez 14 ans, vous arriviez dans une nouvelle ville et cette bande de joyeux zigottos ne rentraient pas dans le moule où vous ne parveniez pas à vous intégrer des gosses beaux, ambitieux, sociables, qui sortent entre eux et regardent MTV. Ils avaient des t-shirt KoRn, laissaient pousser leurs cheveux dans ce stade intermédiaire assez ridicule et aimaient le skateboard et Warhammer le Jeu de Rôle Fantastique. Ils sont devenus des sortes de frères pour vous, et vous vous refiliez des CD de Marilyn Manson et de White Zombie en toussant des substances illicites dans une grange désaffectée où un groupe passait de temps à autre pour reprendre des chansons de Puddle Of Mud. Vos jeans sont devenus noirs, vos t-shirts provenaient d'Hot Topic et vous faisiez bien chier toute votre famille en effrayant votre petit frère avec le clip de Sweet Dreams (Are Made of This) et en vous enfermant dans dans votre chambre pour écouter Faith No More à fond. Quel rebelle vous faisiez! Mais qu'allait il donc advenir de vous? Alliez vous imiter l'ami Eric Harris et tuer l'intégralité de votre collège? Ces poésies trop d@rk sur la mort qui pullulaient sur votre MySpace, brillamment intitulé Darknietzschesofdoom, indiquaient probablement un trouble psychotique naissant! Et ce gibier de potence qui constituait vos fréquentations, ne pouvait il pas vous entrainer sur une pente douloureuse d'échec scolaire? Il fallait les voir, tambouriner à la porte de votre chambre, vous intimant de baisser cette affreuse musique et de faire vos devoirs.

Le plus comique dans toute cette histoire, c'est que vous pensiez vraiment être un badass, un Headbanger de l'enfer, en vous plaignant sur MSN que vous détestiez cet endroit et cette famille dans la plus pure tradition Davissienne (que celui qui n'a jamais aimé KoRn dans sa jeunesse imbécile me jette le premier exemplaire de Piece of Mind à la tronche).Ah, que Manson était sexy, que Davis était sensible, que Zombie était créatif...


Vous à 15 ans, allégorie.

Mais voilà Slayer et son God Hates Us All qui débarquent, émissaire du bon goût venu vous sauver des méandres du Nu Metal indigeste. L'arrière garde le suit de près, ces Master of Puppets, Rust In Peace et autres Among the Living arrivant à la vitesse de la lumière pour ravager votre horizon musical intérieur, le transformant en paysage de Brütal Legend à la mesure de leurs riffs saccadés. Et le Heavy Metal n'est pas mal non plus, Judas Priest, Iron Maiden, Motörhead et Black Sabbath usent vos écouteurs de MP3 plus vite que du cérumen infecté! L'entourant, le hard rock de Guns N'Roses, Aerosmith et AC/DC et le Death Metal de Possessed, Death et Morbil Angel vous conquiert.
Bref, en l'espace d'un album, vous avez acquis la culture générale minimale pour vous considérer comme un Metalhead. Félicitation!
Mais ça ne vous apporte pour ainsi dire rien d'autre que de la satisfaction personnelle. Pour le reste du monde, vous restez toujours un type gauche et bizarre qui écoute de la musique bourrine.
Alors vous vous immergez de plus en plus dans la culture Metal, vous écoutez des discographies entières de groupes, vous cherchez les groupes méconnus (vous comprenez maintenant les hiéroglyphes aussi énigmatiques que "Artillery is kvlt, dude! \m/" ), vos cheveux sont longs et sauvages sur votre veste en skaï bon marché et vos amis et vous passez votre temps à vous ballader dans les lieux déserts en faisant du hair guitar pour accompagner INRI de Sarcofago.
Et plus vous avancez, plus vos goûts se précisent, plus votre connaissance et votre soif de découvertes musicales augmentent, plus vous vous immergez personnellement dans la subculture.

http://fucking-awesome-metal-brain.cowblog.fr/images/mtlmm.jpg                                           Ce qui, soyons honnête, ne va pas vous faire briller en société.

Vous n'êtes pas un imbécile, ni un fasciste, ni un gros niaiseux. Vous êtes un putain d'individu libre, et aucun motif ne peut être trouvé entre votre personnalité et la personnalité d'un autre clampin qui se trouve également apprécier Desecrator.
Bien sûr, l'un des aspects les plus originaux de la culture Metal est son sens de la communauté, cette union transcendée de toutes ces personnes qui aiment la même musique. C'est un des buts du choix vestimentaire du Metalleux, outre celui de soutenir un groupe: je m'habille ainsi, j'appartiens à cette culture, à ce genre musical, voire à ce subgenre musical et en conséquence, j'ai des affinités particulières et je suis reconnu comme tel par mes pairs instantanément. Le succès des bars metal et des festivals repose sur le même gimmick: plutôt que de cacher nos goûts ou d'être ostracisés, retrouvons nous entre nous pour discuter de notre passion pour la musique, boire des pintes et secouer la tête au rythme de nos morceaux préféré (voire en cas de festival, faire exploser notre excitation et notre joie en nous "battant" de façon codifiée, cf moshing).
Mais cette apparente homogénéité cache bien des différences de valeurs; ainsi, entre le Black métalleux et le Death métalleux, pourtant tellement proches que le groupe fondateur du premier est issu du deuxième, il y a un gouffre immense. Idem pour le Thrash et le Power, ou le Doom et le Heavy, et je ne mentionne même pas le Nu Metal et le Glam Metal dans cette histoire, tant leur légitimité fait encore débat à l'heure actuelle. (Ni les trouzimilles autres subgenres, j'ai une vie moi messieurs dames!)

Dans un sens marxiste, une classe se définit par deux acceptations qui doivent être réunies:
-les individus comportent les même conditions de vie, positions économiques, capital culturel etc  = classe en soi
-les individus sont unis dans la défense de leurs intérêts communs et sont conscient de se battre pour défendre leur intérêt  = classe pour soi
En général, c'est le second terme qui manque à l'appelle pour constituer une classe sociale à part entière. Mais dans le Metal, c'est l'inverse! Unis contre la coercition des puissances conservatrices, nous avons conscience de nous battre contre l'oppresseur, de défendre nos intérêts et nos libertés musicales mais ne remplissons pas de modèle social, géographique ou même musical défini. Ces mêmes personnes qui détestent Boutin et cherchent à préserver le Hellfest peuvent être un camionneur âgé de 50 ans fan d'Iron Maiden et une étudiante de 20 qui ne jure que par Carpathian Forest! La faible minorité du National Socialist Black Metal emmenée par des groupes comme Satanic Warmaster fait écho au metal d'extrême gauche de Carcass, à l'écologisme de Gojira, au conservatisme républicain de Megadeth ou aux idées libérales d'Iron Maiden. L'homosexualité de Gaahl est en bute aux idées homophobes de Varg Vikernes, dont le racisme n'empêche pas l'existence de groupes comme Hirax ou Sepultura. Et sans attendre l'avènement d'Angela Gossow, dès les années 80, Doro et Sabina Classen prouvaient déjà que les couilles du metalleux étaient surtout métaphoriques.Pour simplifier, la diversité est telle qu'aucun modèle type ou compromis ne semble satisfaisant malgré une solidarité indiscutable et une passion commune pour la musique.

http://fucking-awesome-metal-brain.cowblog.fr/images/plpfctnmgdth.jpg                                            Protéger sa musique, leçon 1: éloigner les kikoos

Et le plus important demeurera toujours votre passion pour cette musique, votre joie à la sortie d'un nouvel album et votre extase à un live de votre groupe préféré (si c'est Darkthrone, vous êtes un peu dans la merde mais bon, au moins Fenriz ne risquera pas de se faire tuer par un fan sur scène!). Rock on, mudafucka!